CROUS : les députés écrivent au Président de la République pour le maintien à Besançon

Les députés de Franche-Comté ont signé une lettre adressée au Président de la République concernant le siège régional du Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires (CROUS) de Bourgogne Franche-Comté à Besançon.

Les sénateurs, en concertation avec les députés, ont de leur côté adressé un courrier au Premier Ministre.

Monsieur le Président de la République,

Nous tenons à manifester notre profonde inquiétude et notre vive incompréhension quant à l’idée que l’implantation à Besançon de la direction et du siège du Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires (CROUS) de Bourgogne Franche-Comté soit remise en cause.

Cette volte-face constituerait plus qu’un affront à l’ex Franche-Comté et à sa capitale alors qu’une mésaventure de la même nature s’est déjà produite en mars 2016 pour l’implantation du Tribunal de commerce spécialisé (TCS). En effet, la décision de son implantation, pourtant préparée pendant plusieurs mois sur Besançon, a été modifiée en faveur de Dijon la veille de l’annonce officielle. Besançon et la Franche-Comté ne peuvent pas revivre une deuxième fois un tel revirement.

Sur le fond, l’implantation du siège du CROUS à Besançon n’est pas tombée du ciel. Elle s’inscrit dans la logique de la loi NOTRé qui a mis en avant la recherche d’équilibre et de cohérence pour organiser la fusion des Régions et l’organisation des services de l’Etat entre les deux Préfectures de Région et les deux pôles urbains de Dijon et Besançon.

D’abord, l’Etat – et de manière corollaire les conseils régionaux – a recherché une répartition équilibrée de ses « huit » directions en région de sorte à ne pas « vider » les anciennes capitales régionales au seul bénéfice des nouvelles métropoles. Mais il y avait un autre argument d’importance, à savoir la prise en compte et l’amplification des spécificités et des points forts de chacun des territoires.

Un autre critère portait sur la cohérence et le regroupement sur le même territoire des opérateurs liés à ces directions. Cet objectif aurait dû conduire à positionner la direction de Pole emploi et celle du Tribunal de commerce spécialisé à Besançon et dans l’ancienne Franche-Comté, aux côtés de la Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi (DIRRECTE). La DIRRECTE était en effet une des trois directions, avec la Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) et le Rectorat de Région académique à y élire leur centre de décision.

Pour le CROUS, quoi de plus évident que de le positionner aux côtés du Rectorat de région académique et de la Communauté d’Universités et Établissements (COMUE).

C’est aussi l’excellent travail, reconnu nationalement, du CROUS de Franche Comté, qui a servi ainsi de base solide pour implanter le CROUS Bourgogne Franche-Comté à Besançon au cœur de l’Axe qui va de l’aire urbaine Nord Franche-Comté à Dijon et à la Saône et Loire.

La remise en cause du siège du CROUS à Besançon constituerait un très mauvais signal au moment même où un partenariat inédit se met en place à travers la marque « Grand Besançon Synergie Campus », un grand pôle d’enseignement supérieur et de recherche, d’innovation et de projet avec les établissements d’enseignements, les entreprises et les collectivités locales.

Ce serait un mauvais signal également pour la cohésion de la nouvelle région Bourgogne Franche-Comté et notamment pour le Nord Franche-Comté qui s’accommode mal de la tentation et des tentatives répétées de dépeçage de Besançon et de la Franche-Comté au profit de Dijon, et qui sera dans ce cas tentée de regarder de plus en plus vers l’Alsace.

Pour terminer, et suite à la motion votée par le Conseil municipal de Dijon, les Parlementaires de Franche-Comté exhortent le maire de Dijon à s’inscrire dans la philosophie qui a présidé à la répartition des directions de l’Etat sans les remettre sans cesse en cause, au risque d’anéantir la confiance et la dynamique dont notre grande région a grand besoin.

Si on ne retient que la logique du chiffre, du nombre d’étudiants, du nombre d’entreprises, etc. pour arbitrer, alors il faut balayer toutes les décisions antérieures de répartition et tout installer à Dijon… et demain à Lyon ou Strasbourg qui sont d’une envergure bien plus importante que Dijon.

Plus globalement, nous souhaitons, Monsieur le Président de la République, attirer votre attention sur les méfaits de ce mouvement de fond qui consiste à considérer que plus les structures sont de taille importante et plus la concentration est forte, mieux c’est.

Déjà, ce quasi axiome mériterait d’être vérifié car il a montré plus d’une fois des effets secondaires anthropiques et des coûts supplémentaires. De même, la logique du ruissellement sur les territoires voisins suscite beaucoup de doute. A l’inverse, cette tendance peut créer un mouvement contraire d’aspiration en asséchant les territoires voisins.

Toujours est-il, que de proche en proche et à chaque échelle, on constate souvent l’affaiblissement des bourgs au profit des petites villes, des petites au profit des moyennes, des moyennes au profit des grosses et ainsi de suite.

Dans le cas présent, ce seront les anciennes capitales régionales qui perdront de la substance au profit de métropoles. Vous connaissez les conséquences politiques, la frustration et le sentiment d’abandon et d’injustice qui en résulteraient. Et une logique d’aménagement du territoire inverse à celle qui est attendue.

Espérant vous avoir retenu votre attention, Monsieur le Président de la République, nous comptons sur la fiabilité de la parole de l’Etat et de l’ensemble des acteurs locaux de la réorganisation territoriale et nous vous prions de croire à l’assurance de toute notre considération et de notre profond respect.

Apprentissage de la lecture : L’état d’urgence est déclaré

Annie Genevard, Vice-Présidente de l’Assemblée Nationale, députée du Doubs et membre de la Commission des Affaires culturelles et de l’Education déplore les résultats de la dernière enquête Pirls publiés ce mardi 5 décembre.

Réalisée en 2016 dans 50 pays, cette enquête révèle que la performance en lecture des élèves français en classe de CM1 est très insuffisante : la France occupe la 34ème place de ce classement, se situe 25 points en-dessous de la moyenne des pays de l’Union européenne et légèrement au-dessus de la moyenne internationale. De plus, c’est le seul pays avec les Pays-Bas à enregistrer une régression des résultats depuis 15 ans.

Ces résultats sont très préoccupants pour le pays des Lumières et ils révèlent la nécessité de revoir les méthodes. Il faut établir des programmes qui garantissent l’apprentissage des fondamentaux pour tous les élèves et qui en font l’objectif central.

Lors de la précédente enquête Progress in International Reading Literacy Study, en 2011, les faibles performances en lecture des élèves français avaient déjà été soulignées. Pour autant, les Ministres de l’Education nationale du précédent quinquennat n’ont pas réagi à ces premiers signaux d’alerte. Ainsi, les résultats se sont-ils dégradés sans qu’aucune réforme profonde n’ait été conduite pour pallier le problème. La baisse du niveau des élèves français en mathématiques a été également confirmée par les résultats catastrophiques de l’enquête TIMSS publiée en 2016. On le voit notre école échoue dans la maîtrise par les élèves de savoirs fondamentaux pourtant essentiels à leur réussite.

Annie Genevard attend donc du Ministre de l’Education nationale actuel un engagement sans failles sur le sujet. Il faut améliorer la qualité des cours, mieux préparer les professeurs à l’apprentissage des fondamentaux. C’est un sujet majeur qu’il faut traiter avec la plus grande détermination. Dédoubler les classes de CP dans les REP, susciter l’envie de lire chez les enfants et les jeunes par des actions communes avec le Ministère de la Culture ne permettront pas d’inverser une tendance alarmante. Il faut aller plus loin et préparer les enfants en amont. La maternelle doit retrouver son rôle de préparation à l’initiation à la lecture en faisant de l’acquisition du vocabulaire une priorité. Rendre l’école obligatoire dès cinq ans permettrait de débuter plus tôt cet enseignement. C’est avéré : les enfants qui commencent des activités d’apprentissage de la lecture et de l’écriture dès leur plus jeune âge ont plus de facilités ensuite. Il faut réfléchir à de réelles solutions qui permettront d’offrir une école de l’excellence pour tous. Elles passeront nécessairement par une exigence accrue et certifiée de la qualité de l’enseignement de la lecture. La maîtrise de cette dernière et des fondamentaux mériterait d’être décrétée grande cause nationale.

Ecriture inclusive : Question au Gouvernement

Monsieur le Premier ministre, ma question porte sur les maux dont souffre la langue française. Mal parlée, mal écrite, parfois, hélas, mal enseignée, chacun convient que sa maîtrise est devenue une priorité. Je souscris au propos d’Alain Finkielkraut dont la formule fait mouche lorsqu’il dit que les Français seraient devenus étrangers à leur propre langue.

Un nouveau danger menace la langue française : l’écriture inclusive. Dans une circulaire récente, vous invitez à ne pas en faire usage dans les actes administratifs. C’est bien. Mais cela ne suffît pas, tout d’abord parce que c’est une invitation et non pas une interdiction, ensuite parce qu’un autre, à votre place, pourrait prendre une décision contraire et, ainsi, le sort de la langue française serait-il assujetti non pas à l’usage, non pas à l’autorité morale de l’Académie française mais à une décision politique.

Il faut donc conférer un statut juridique à la langue française qui la protège de la tentation de forcer l’usage à des fins idéologiques. C’est exactement la position qu’en leur temps Claude Lévi-Strauss et Georges Dumézil – excusez du peu ! –, avaient prise lorsqu’ils déclaraient que « des changements délibérés risquent de mettre la confusion et le désordre dans l’équilibre subtil né de l’usage ».

Monsieur le Premier ministre, vous avez déclaré publiquement et exprimé par l’écrit votre lien à la littérature. Vous voulez promouvoir la francophonie. Le français, cinquième langue la plus parlée au monde, est fragilisé en France alors qu’elle est admirée et célébrée partout dans le monde… Quel paradoxe !

Monsieur le Premier ministre, allez-vous prendre des dispositions pour offrir à la langue française la protection qui lui revient ?

Réforme sur l’entrée à l’université : un recul du gouvernement au détriment des étudiants

Annie Genevard dénonce le manque d’ambition du gouvernement au sujet de la réforme sur l’entrée à l’université annoncée ce jour :

« La réforme annoncée par le gouvernement ne contient aucune mesure courageuse susceptible d’enrayer le situation d’échec dans laquelle se trouvent nos universités depuis plusieurs années. Face à l’afflux toujours plus massif d’étudiants dans des filières déjà surchargées, il était légitime d’attendre des décisions ambitieuses pour garantir aux étudiants des conditions d’apprentissage à la hauteur des ambitions universitaires de notre pays. Or, pour ne fâcher personne, le renoncement a prévalu : le gouvernement a fait le choix de demi-mesures qui ne satisferont ni les étudiants ni les enseignants et ne résoudront aucun problème rencontré par les Universités. En laissant le dernier mot aux élèves, le libre choix reste la règle ce qui ne met pas fin au leurre de l’université « pour tout le monde » selon les propres mots d’Emmanuel Macron.

En refusant la sélection, en n’imposant aucun remise à niveau, en ne prévoyant aucune validation sérieuse des prérequis, il est à craindre que le système actuel, dont nous mesurons tous les jours l’échec, perdure ; les mêmes causes produisant les même effets.

C’est une occasion manquée par le gouvernement de réaliser l’acte II de la loi sur l’autonomie des universités, dernière réforme ambitieuse menée par la droite en 2007. Cette demi-réforme, qui prévoit essentiellement de mettre fin au tirage au sort, s’inscrit malheureusement dans la continuité des gouvernements de François Hollande ».

Annie Genevard
Secrétaire générale adjointe des Républicains
Députée du Doubs, membre de la commission des Affaires culturelles et de l’éducation

Interview : CSP «Le parti pris politique de Lussault est évident»

Interview publiée dans Le Figaro le 27 septembre 2017

INTERVIEW – La députée (LR) du Doubs, professeur de lettres classiques, estime que les propos «exagérément vio­lents» du président du Conseil supérieur des programmes après sa démission «traduisent des préjugés et des procès d’intention» et mettent «en opposition le public et le privé».

Professeur de lettres classiques, députée du Doubs et secrétaire générale adjointe des Républicains, Annie Genevard a été membre du Conseil supérieur des programmes (CSP), installé en 2013 par Vincent Peillon, alors ministre de l’Éducation. Démissionnaire en août 2015, elle avait dénoncé l’absence d’indépendance de l’instance, pilotée alors par Michel Lussault. Elle décrit l’homme qui vient de claquer la porte comme «un proche de Najat Vallaud-Belkacem» qui «règle aujourd’hui ses comptes» avec le successeur de cette dernière.

LE FIGARO. – En démissionnant du CSP, Michel Lussault explique qu’il aimerait que «le modèle de l’école de la République ne soit pas celui de l’école jésuite». Que pensez-vous de ces propos?

Annie GENEVARD. – Exagérément violents, les propos de Michel Lussault trahissent sans doute son ressentiment d’avoir été contraint de démissionner. Mais ils traduisent aussi des préjugés et des procès d’intention. En attaquant l’école jésuite, en filigrane, il met en accusation une école qui serait réservée à une élite. Il met aussi en opposition le public et le privé. C’est un parti pris politique évident. Il se présente comme la voix de la démocratisation de l’école. Mais oublie-t-il les résultats des récentes enquêtes? En lecture, un jeune sur dix de moins de 25 ans a des difficultés. En mathématiques, la France est au-dessous de la moyenne européenne. Nous voilà précisément au cœur de la question de la démocratisation! Michel Lussault critique l’attention que l’actuel ministre de l’Éducation porte aux fondamentaux – lire, écrire, compter et respecter autrui -, en revendiquant, en parallèle, une nécessaire compréhension du monde «dans sa dimension multiculturelle» et une appréhension «des questions environnementales». Mais sans les savoirs clés, rien n’est possible. C’est une question de priorité. Les parents le savent. C’est la raison pour laquelle les propos de M. Blanquer recueillent leur adhésion.

En 2015, vous avez choisi de démissionner. Pour quelles raisons?

En vivant l’expérience de l’intérieur, j’ai pu constater l’absence de transparence et d’indépendance du CSP. Il existe une trop grande étanchéité entre ses 18 membres du conseil (8 parlementaires et 10 personnalités indépendantes, NDRL) et les experts qui fabriquent les programmes et qui sont toujours les mêmes depuis de nombreuses années. Ces experts, spécialistes dans leur discipline, ont défendu leurs chapelles. Les membres du conseil, installés pour garantir l’indépendance de la structure, se sont retrouvés en position d’arbitrage sans savoir réellement de quoi il retournait. C’est ainsi qu’est arrivé le prédicat, par exemple. Il n’y avait aucune indépendance. Michel Lussault n’a pas caché sa proximité avec Najat Vallaud-Belkacem. De même qu’il ne cache pas son hostilité à l’actuel ministre. Il règle aujourd’hui ses comptes. Ce n’est pas digne de la fonction.

Faut-il remettre en question le CSP dans son ensemble?

Il est clair que son fonctionnement doit être revu. La précipitation avec laquelle ses membres ont été sommés de travailler, pour coller à l’agenda politique, n’a pas contribué à en faire un lieu de réflexion. Le fait que le CSP ait été marqué par les démissions successives n’est pas anodin. Le prédécesseur de Michel Lussault avait jugé la tâche infaisable. Quant à M. Lussault, il a été recruté car on savait qu’il ferait politiquement le job. Il fallait un universitaire, mais aussi un militant ayant une approche sociale et sociétale de l’école.

Une députée mobilisée pour l’école

A deux jours de la rentrée, Annie Genevard, Députée du Doubs, prend acte avec intérêt des décisions du ministre de l’Education nationale qui revient sur un certain nombre de réformes instaurées sous le quinquennat de François Hollande, comme les rythmes scolaires ou la réforme du collège.

Elle rappelle qu’elle a toujours combattu ces réformes portées par les trois ministres successifs du quinquennat précédent et qui n’ont eu de cesse de s’attaquer aux dispositifs qui avaient fait leurs preuves comme les classes bilangues ou les classes européennes.

Dans un esprit de cohérence, elle accompagnera les réformes qu’elle juge utiles aux élèves comme la restauration de l’apprentissage du grec et du latin au collège, la priorité donnée à l’école primaire, la maîtrise des savoirs fondamentaux et à leur évaluation.

La Députée précise qu’elle sera lundi matin aux côtés des parents d’élèves et des élus du RPI des Hôpitaux-Neufs afin de soutenir le maintien d’une sixième classe, dont la situation reflète bien le cas particulier des écoles situées en milieu rural et de montagne qui doivent bénéficier d’une protection spécifique conformément à la loi Montagne qu’elle a portée l’an dernier et dont l’application définitive est à venir très prochainement.